Il est souvent accepté que l’esprit caractérise chaque individu et rende unique. Qu’en est-il du corps ?
Qui n’a donc jamais essayé de comparer son corps à celui de quelqu’un d’autre ? Qui n’a jamais comparé une partie de son corps avec la même partie d’une autre personne ? Des cheveux, un nez, une poitrine, un ventre, des jambes, un sourire, des bras, une taille, etc. Quelle conséquence cette comparaison a-t-elle eu ? Quelles sensations ont été ressenties ? Quels bénéfices ont été tirés ?
Ce n’est pas seulement à 20 ans, à 30 ans ou à 40 ans que les regards se croisent, que les croyances se confondent, que l’orgueil est grand et que l’envie domine. Même si les enjeux et les influences diffèrent, l’image de soi, l’effet miroir et la représentation des autres ont un impact majeur sur l’estime, la confiance et l’amour de soi et ce, à n’importe quel âge. Briser toutes comparaisons est vain ; prendre conscience de l’unicité de son corps est une libération.

LE CORPS : OBJET DE TANT DE FRUSTRATIONS (?)
En quoi savoir que son nez serait moins fourchu que celui du voisin rendrait heureux ? En quoi savoir que ses hanches seraient plus larges que celles de son amie apporterait un soulagement certain ? En quoi savoir que les effets secondaires de sa ménopause sont moins lourds que ceux de la commerçante d’en face porterait à soi joie et chance ? En quoi s’estimer plus beau que le compagnon de son ex-femme rendrait-il plus fier ? Partir du principe que tout est subjectif, abstrait ou artificiel est enfoncer une porte ouverte. Se comparer aux autres est-il vraiment bénéfique à soi ? Que cette femme ou cet homme soit de plus « belle » apparence que soi ou que cette personne soit plus ou moins malade que soi rassure-t-il vraiment ? Qui définit cette beauté, cette apparence, cette santé ?
Comparer le corps est un chose. Mais alors, pourquoi ne pas comparer son esprit avec celui des autres ? Pourquoi ne pas comparer sa capacité à penser, à réfléchir ou à prendre les bonnes décisions avec la personne d’à côté ? Pourquoi ne pas comparer sa force mentale ou ses compétences intellectuelles plutôt que sa force ou ses aptitudes physiques ? Par peur ? Par honte ? Par gêne ? Personne ne semble gêné de comparer son corps, consciemment ou non, avec la personne d’en face. Être inspiré par d’autres pour leur esprit, leur intelligence ou leurs compétences n’est pas une tare ; il en est de même pour leur gestion émotionnelle, leur capacité psychologique ou leur humanité ; il en est de même enfin pour leur rapport au corps, leur acceptation physique ou leur amour de leur corps. Il est possible d’être frustré(e), envieux(se), avide ou désireux(se) par rapport à son corps mais alors les conséquences ont de fortes probabilité d’entraîner anxiété, déni, rejet ou souffrance. Alors, est-il dans l’intérêt de chacun de s’inscrire dans un rapport de force permanent ?
Plus, moins, différent, etc. Sans en avoir tout le temps conscience, le caractère unique de son corps est évident.
IL N’Y PAS DEUX CORPS PAREILS
Aussi puissante que soit la volonté de s’approprier son corps ou le désir de posséder la personne en face, toujours est-il que le corps posté en face de vous n’est pas le vôtre : il ne vous ressemble pas, il diffère en de nombreux points et possède d’autres caractéristiques que les vôtres. Il ne s’agit pas là que d’une constatation naturelle ou génétique, physiologique ou matérielle ; son origine est spécifique, sa croissance est propre, son histoire diffère de la vôtre, son entretien est particulier. En somme, votre corps n’a rien à voir avec le corps d’autrui. Se comparer en trouvant des similitudes ou des ressemblances est une tache laborieuse et infinie, forcément insatisfaisante. Votre plastique vous est unique, fidèle, personnalisante. Modelé par le temps, votre corps est également l’explication de votre vécu, de toutes ces années à le montrer, à le faire évoluer, à en prendre soin (ou pas). Percé par les maladies, bercé par les angoisses, fuselé par le stress, il est aussi pour vous œuvre de vos plaisirs, de rencontres, de tendresse et d’amour. Votre corps n’est pas à vous : c’est vous.
ATOUTS, UNICITÉ, ORIGINALITÉ… CE QUE VOUS ÊTES
Regardez votre corps, regardez bien votre corps, regardez-le mieux. N’y a-t-il vraiment rien que vous aimiez en lui ? N’y a-t-il vraiment rien que vous aimiez en vous ? Vous avez 60 ans, 65 ans ou 70 ans et vous avez peut-être plus de rides ici, une cicatrice par-là, un excès de graisse à cet endroit, une masse musculaire en moins là encore. Votre corps ressemble aussi à votre vie, à vos émotions, à vos joies, à vos excès. En plus de votre structure et esthétique originelles, vous avez usé de ce corps pour en faire ce que vous vouliez, vous l’avez habillé tel que vous vouliez l’habiller, vous l’avez mis en avant tel que vous vouliez le mettre en avant. Et aujourd’hui, qu’en est-il ? Vous avez 60 ans ou 70 ans et vous voudriez fermer boutique ? Plus rien à voir, plus rien à montrer, plus rien à dire ? Qu’aimez-vous ? Qu’aimez-vous en vous ? Quels ont toujours été vos points forts ? Quelles sont les parties de votre corps dont vous avez toujours su tirer avantage ? Qu’est-ce que les autres ont toujours aimé chez vous ?
Votre vie est faite de formes, d’imprévus, de complexes, de creux, de rondeurs, de manques, de forces, d’artifices ou de styles...comme votre corps.
MIEUX PRENDRE SOIN DE SON ENTIÈRETÉ
Il n’y a pas meilleur ami de votre corps que votre esprit, un corps à son image, un corps dans son regard, un corps à magnifier, un corps à accepter, un corps à apprécier.
Telle une boite qui avance, vous habitez dans une maison qu’il est important de soigner, de ranger, de laver, d’organiser. Au-delà de se faire plaisir, c’est surtout gagner fatalement quelques années de vie devant soi, des années propres à soi, des années plus heureuses à vivre, des années plus enthousiasmantes à exister.
Le temps passe, votre corps devient de plus en plus votre coquille, votre refuge, votre habitat. Et votre esprit s’y loge. Il est plus difficile de prendre soin de son esprit si le soin apporté à son corps a été omis. Prendre soin de son corps devient primordial, une question de vie, de survie, de prolongation d’existence. Et l’esprit est d’autant plus libéré quand le corps lui pose moins de soucis. Parfois vous n’y pouvez rien, souvent vous pouvez avoir un rôle. C’est un rôle d’influence, emmené par votre mental, que vous pouvez avoir une influence sur votre physique, sur votre appréciation, sur votre acceptation, sur votre utilité...grâce à votre esprit. Il ne s’agit pas d’esthétisme mais de fonctionnalité : se lever en meilleure forme le matin, participer à diminuer ses douleurs, entretenir son énergie ou encore appréhender ses maux.
Connectés, votre corps et votre esprit forment votre entièreté – une association, une personnalité, une individualité – reconnue comme telle et dont vous pouvez être fier(e).
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