La dictature d’un bonheur universel n’a pas lieu d’exister. À chacun(e) ses repères, sa définition, son rythme et sa motivation. Découvrez pour quelles raisons.
Si vous demandez à votre partenaire, à une amie ou à votre enfant une définition du bonheur, chaque personne vous donnera certainement une réponse différente. Les trois-quarts des personnes de 75 ans et plus se réclament être heureuses, de par leur santé, la manière dont elles sont entourées ou la façon dont elles ont de vivre au jour le jour. D’une part, ce n’est pas parce que vous vous réclamez heureux(se) que vous ne vous posez pas de questions qui ont une répercussion sur votre état d’esprit du moment et vos émotions ; d’autre part, à 60 ans, 65 ans ou 70 ans, en arriver à « votre bonheur » a certainement été un chemin long et peut-être tortueux.
Vous avez tout à fait le droit de ne pas être heureux(se) voire même d’être triste, de manière momentanée ou du fait d’un événement particulier ; être à la retraite ne signifie pas forcément d’être sans cesse épanoui(e), rempli(e) de joie et à même d’aider tout un chacun à tout moment. Le bonheur ne doit pas être une course effrénée vers une représentation idéale.
En revanche, si vous vous sentez renfermé(e) sur vous-même, quelles peuvent en être les raisons ? Si vous vous sentez seul(e) avec vous-même ou en couple, quelles en sont les explications ? Si des remarques ou des critiques vous touchent, quelles peuvent en être la cause ? Si vous avez du mal à communiquer ou à vous tisser des relations, d’où cela peut-il venir ? À partir du moment où vous ne vous sentez pas bien, que vous vous sentez bloqué(e) ou qu’une situation semble vous échapper, vous êtes en droit d’en prendre conscience et d’en parler auprès de quelqu’un.
Pour autant, vous avez également le droit d’être heureux(se) lors de votre retraite : vous êtes peut-être content(e) de ne plus exercer votre activité, vous vous sentez a priori à l’aise avec la gestion de votre temps et l’occupation de votre foyer, vous êtes serein(e) par rapport à votre situation matérielle, vous êtes éventuellement satisfait(e) de vos relations avec votre couple ou vos enfants.
Dans tous les cas, quelles sont les clés qui peuvent vous permettre d’être parfois un peu plus heureux(se) ?
CLÉ N°1 : IL N’Y A PAS UNE SEULE RÈGLE
Votre partenaire, un ami ou vos enfants ont beau vous dire d’être heureux(se), de voir la vie autrement, de prendre la vie par le bon côté ou de considérer les points positifs de votre existence, le message ne passera souvent pas. D’une part, ce n’est pas leur rôle de vous accompagner et, d’autre part, vous ne serez certainement pas dans l’écoute.
Prendre conscience que vous n’allez pas forcément bien (tout le temps), c’est déjà réaliser une grande partie du travail d’apaisement, de réconciliation et d’amour envers vous-même. Grâce aux échanges avec votre entourage, à la lecture de livres spécialisés, à l’écoute de certaines conférences ou ateliers, à la consultation de certains contenus censés répondre à vos besoins, vous pouvez trouver une sorte de paix intérieure qui durera (seulement) un temps. Pour évoluer positivement de manière durable, il est important que vous parliez et que vous soyez écouté(e).
Il n’y a pas une règle précise qui répond à un bonheur cadré, illimité et assuré. De bons conseils existent, des recommandations intéressantes sont valables, des suggestions nouvelles sont audibles. Mais il n’y a pas une seule recette du bonheur qui corresponde à tout le monde. Le fait que vous soyez heureux(se) dépend de tellement de facteurs : votre état psychologique, votre santé physique, votre gestion émotionnelle, votre rapport aux autres, votre vécu, votre contexte de vie, votre regard sur l’avenir, etc. Mais surtout de vous-même. En somme, vous avez les réponses à vos questions. Il est parfois compliqué d’en prendre conscience seul(e), d’où la nécessité de se faire accompagner par une écoute extérieure.
CLÉ N°2 : NE PAS SE SENTIR OBLIGÉ(E) D’ÊTRE OU DE NE PAS ÊTRE HEUREUX(SE)
À force de lire des magazines, de consulter la télévision ou les réseaux sociaux, d’entendre la vie "a priori" heureuse des uns et des autres ou d’entendre dire qu’il est logique ou nécessaire d’être heureux(se) à la retraite, il arrive parfois d’en avoir marre du bonheur.
Au même titre que votre vie, votre retraite n’est pas linéaire : vous avez des hauts et des bas, des moments plus heureux et des moments moins heureux, des joies et des peines, des fiertés et des frustrations. Faire du sport, bien manger, préserver un lien social, entretenir des bonnes relations, apprendre et découvrir ou retrouver l’amour sont autant de points à cocher que de pressions à assumer.
Arrivent alors un stress, quelques angoisses, des moments d’anxiété, la recherche d’un point d’équilibre, la perte de sens du quotidien. Il s’agit d’une accumulation de sentiments qui peut engendrer un isolement prolongé, un sentiment d’incompréhension ou une sensation de trop-plein.
Vous n’êtes pas obligé(e) d’être heureux(se), par contre, il est bon de vous écouter et que vous soyez écouté(e) pour débloquer une situation ou avancer plus sereinement.
CLÉ N°3 : S’AIMER ET SE POSER LA QUESTION DES AUTRES
Se comprendre, s’accepter, parler, s’écouter, partager, etc. Avoir conscience de ce que vous êtes, de qui vous êtes, des personnes qui vous entourent, du rapport que vous avez avec vous-même, de la manière dont vous vous comportez envers vous sont quelques indices à prendre en compte pour évaluer votre capacité à aller de l’avant. Ce n'est pas tout le temps facile, mais tellement salutaire.
Pour s’aimer, le chemin est long, parfois toute une vie. Il se peut que vous ayez 55 ans, 60 ans ou 70 ans et que vous vous n’aimiez pas, que vous soyez toujours emprisonné(e) dans des anciennes croyances, que vous utilisiez sans le vouloir plusieurs systèmes de défense, que vous portiez encore un masque vis-à-vis de vous-même ou des autres. Vos parents, votre enfance, votre adolescence, vos relations, vos choix passés et votre entourage ont joué et jouent un rôle dans l’amour que vous vous portez et dans l’amour que vous portez aux autres.
Apprendre à s’aimer est une route qui peut être passionnante, pleine d’amour, remplie de compassion et totalement libératrice. Encore faut-il trouver une écoute constructive et bienveillante, à travers un accompagnement bref et efficace.
CLÉ N°4 : PRENDRE CONSCIENCE DU TEMPS QU’IL RESTE
Votre vie a-t-elle eu du sens selon vous ? Avez-vous des regrets dans votre vie tout autant que des fiertés ? Combien de projets avez-vous développés ? Combien de réussites et d’échecs avez-vous connus par le passé ? Votre vie actuelle, à l’âge que vous avez, ne peut-elle pas connaître des réussites et des échecs ? Ne pouvez-vous pas monter un ou plusieurs projets dans les prochains mois ? Ne pouvez-vous pas développer certaines compétences ou certaines affinités à votre âge ?
Vous avez dix ans, vingt ans ou trente ans à vivre, soit l’équivalent de toute une vie (active) ! Que faites-vous de ce temps précieux ? Il n’est pas facile de trouver des réponses seul(e) certes, mais vous êtes seul(e) à décider du sens à donner à votre existence, à votre vie, à votre quotidien. Il s’agit d’un jour qui s’additionne à un autre jour. Se rassurer avec un quotidien bien pensé et sécurisant est une chose, s’aventurer en un tour du monde pour découvrir des expériences inédites est autre chose. Entre les deux, vous vous situez peut-être. Sans viser les extrêmes, réfléchir à l’année qui vient et à celles qui vont suivre est un bon moyen de savoir ce que vous voulez faire et dans quelle direction vous voulez aller.
Vous êtes peut-être heureux(se) là où vous êtes et à travers la manière dont vous vivez votre vie. Toujours est-il que vous êtes a priori encore en bonne santé, rempli(e) d’idées, de désirs, d’ambitions et de besoins. Il vous reste du temps. Mais alors, vous écoutez-vous ?
CLÉ N°5 : ESSAYER DE NE PAS ÊTRE PASSIF(VE)
Il peut vous arriver d’être tiraillé(e) entre une complétude totale d’un quotidien bien mérité et le désir de connaître d’autres choses, d’autres endroits ou d’autres personnes.
Le fait qu’il n’y ait pas une seule règle à prendre en compte, qu’il n’y ait aucune obligation, qu’il y ait plusieurs façons de s’aimer ou d’aimer les autres n’interdit pas d’avoir conscience du temps qui passe et de se poser des questions sur le sens de ce temps qu’il reste. Êtes-vous content(e) de vos journées ? Vous sentez-vous à votre place au sein de votre foyer ou dans la société ? Vous sentez-vous à l’aise avec votre entourage ou vos amis ? Vous trouvez-vous utile ? Vous sentez-vous écouté(e) ? Comment voyez-vous votre retraite idéale ? Autant de questions qui peuvent vous aider pour trouver un certain équilibre dans votre quotidien.
Si vous donniez une importance au temps qui passe lorsque vous aviez trente ans ou quarante ans, pourquoi donc ne pas lui accorder le même crédit aujourd’hui ? Si vous donniez du sens à votre existence à cette époque, pourquoi votre vie aurait-elle moins de sens actuellement ? Si vous avez évolué à plusieurs reprises lors de votre vie à titre professionnel, relationnel ou sentimental, pensez-vous sincèrement que vous ne pouvez plus évoluer ? Vous avez 58 ans, 64 ans ou 72 ans et votre vie compte tout autant qu’il y a trente ans ou quarante ans : vos années présentes sont précieuses. Pour reprendre la pyramide de Maslow, même si vos besoins physiologiques, sécuritaires voire d’appartenance à un groupe social sont comblés, vous avez peut-être besoin de reconnaissance ou travailler votre estime, vous sentez peut-être la nécessité de vous réaliser ou de vous accomplir aujourd’hui.
Pensez à vous. N’attendez pas.
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